Le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif

Je vais vous parler aujourd’hui d’un extrait de texte important en sociologie, et fondamental pour Fredric Jameson. L’extrait en question a pour auteur ce dernier et s’intitule « Le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif ». Nous nous intéresserons aux pages 33 à 39 de l’ouvrage. Ce texte a été publié initialement dans la revue New Left Review en 1984 avant d’être étendu à un livre entier qui fera partie des analyses de la postmodernité de Jameson. L’ouvrage est publié en 1991 pour la version française, traduite de l’anglais américain par Florence Nevoltry.

Le texte démontre les conditions de travail intellectuel imposées par les modes de production du capitalisme tardif. Nous trouvons de nombreux exemples et références tout au long du texte.

Les années qui on précédé la publication du texte renvoie à un contexte géopolitique, culturel et économique fort. Les années 70 sonnent le glas de la période des « Trente Glorieuses » suit aux deux premiers chocs pétrolier (1973 et 1979). Afin de renforcer l’économie les gouvernements laisse les idées libérales prendre le dessus. Mais alors que l’influence soviétique gagne du terrain en Asie, la vague néolibérale libéré précédemment porte un coup de grâce au communisme dans les payes de l’Est. Cette vague néolibérale est illustrée par Ronald Reagan aux Etats-Unis et par Margaret Thatcher au Royaume Uni (avec les conséquences que l’on connaît). En Europe ce néolibéralisme s’illustre par la création d’un marché unique avec l’avènement d’une communauté économique européenne unie.

L’extrait décrit le postmodernisme comme un ensemble qui succède au modernisme. Il y analyse « la logique culturelle » comme une étape supplémentaire dans la mutation du capitalisme. Au-delà des enjeux économiques et de tout ce qui enveloppe sa vision du postmodernisme, Fredric Jameson se penche en particulier sur la culture, les arts, l’architecture la littérature, etc.

L’auteur cherche à y dégager les principales caractéristiques de cette « nouvelle » dominante culturelle attaché à un capitalisme multinational. Il y cherche les implications théoriques, politiques, économiques et sociales, sans oublier le rapport à l’histoire, dans une logique de poursuite de la pensée traditionnelle d’Hegel et de Marx.

Cependant l’auteur ne se contente pas d’analyser, dans l’entièreté de son livre, et notamment en conclusion, Fredric Jameson offre des pistes pour parvenir à se situer dans cet « espace culturel » mondialisé afin de trouver de nouvelles voies d’actions.

Fredric Jameson, né le 14 avril 1934 dans l’Ohio est un critique littéraire américain et un théoricien politique marxiste. Il est en effet proche du mouvement de la « nouvelle gauche » anglo-saxonne et avec les mouvements pacifistes, notamment après les années 60. Il est très reconnu dans son milieu pour ses analyses des courants culturels contemporains. Il ne cesse de voyager dans le monde entier, entre autre en Europe, ce qui va lui permettre de faire de nombreuses rencontres et mener à bien ses recherches. C’est ainsi qu’il va s’intéresser à la tradition marxiste, à Jean-Paul Sartre, ou encore à Hegel.

Il décrit le postmodernisme comme une spatialisation de la culture sous la pression du capitalisme. C’est ainsi qu’il dit que le postmodernisme est le fruit de la colonisation de la sphère culturelle (qui avait gardé jusqu’alors une certaine autonomie pendant la période moderniste) par un capitalisme qui a muter en une « nouvelle » organisation capitalisme. Fredric analyse cette évolution par la critique de l’architecture, mais aussi par toutes les autres formes d’arts et d’expressions existantes.

 

PROBLÉMATIQUE

La logique culturelle du capitalisme tardif est-elle une dénaturalisation de la culture au service de la survie d’un modèle économique hors de contrôle ?

 


PARTIE 1 : MISE EN SITUATION

  • La démarche de Fredric Jameson
  • Un contexte important

 

PARTIE 2 : CULTURE ASSERVIE ET ECONOMIE MUTANTE

  • Modernisme et Postmodernisme
  • Le capitalisme tardif

 

PARTIE 3 : UNE SOCIÉTÉ IMPOSÉE

  • La société postindustrielle (et les nouveaux mouvements sociaux)
  • A qui profite le crime ? Conséquences

 


PARTIE 1 : MISE EN SITUATION

LA DÉMARCHE « Always historicize » DE FREDRIC JAMESON
[citation de F.J. en 1981]

F. Jameson dès ses premiers travaux consacre beaucoup d’importance au rapport à l’histoire. Le travail de Sartre sur l’existentialisme et le sujet va fortement l’influencer. C’est d’ailleurs ainsi qu’il va se familiariser avec la pensée Marxiste, influence connue de Sartre. Bien que les pensées de Sartre soient complexes et longues à analyser, nous pouvons les résumer à recherche porté sur la conscience humaine comme étant condamné à une liberté absolue où l’homme doit inventer son chemin. L’existentialisme est un courant philosophique qui considère que l’humain forme l’essence de sa vie pas ses propres actions. On pense alors que chaque individu est un être unique maître de ses actes. Il est important de bien le comprendre pour pouvoir appréhender au mieux le matérialisme historique.

F. Jameson analyse l’histoire à la manière marxiste. Comme Marx, F. J. Met en avant l’importance de « l’histoire » dans ses écrits. Marx dira d’ailleurs à propos de l’histoire « C’est l »homme, réel et vivant, qui fait tout ». Le matérialisme historique est donc un « instrument de connaissance et d’explication de la réalité sociale et historique ».

En soit le matérialisme historique est une méthode marxiste pour analyser l’histoire selon un point de vue matérialiste. Elle induit l’idée que les événements historiques sont influencés par les rapports sociaux, notamment entre les classes sociales donc par les situations « réellement vécue par les être humains ». La conception même de matérialisme historique et de luttes des classes accordent une part importante à l’économie dans les transformations de nos sociétés. Karl Popper dira du marxisme qu’il est l’historicisme le plus abouti (qui fait explicitement de la lutte des classes le moteur).

Le matérialisme historique se confronte donc au structuralisme. Pour F. Jameson le structuralisme ne peut pas se permettre de comprendre le rapport de production et de consommation des œuvres d’arts contemporaines. Il critique la consécration de l’œuvre d’art comme objet distinct du contexte de sa production ainsi que son formalisme an-historique. F. Jameson considère alors que les différents objets culturels sont réalisés selon des pratiques fondées sur une réalité économique.

Le Marxisme, contrairement au libéralisme, ne suppose pas l’individu comme an-historique. Le marxisme va chercher à montrer les changements qui s’opèrent dans les sociétés, et chez les individus. On a alors des revendications de la part d’individus selon un contexte social donnée. Mettre ainsi l’accent sur « l’histoire » on rend possible une nouvelle société. En effet toute société évolue, se transforme, dépasse le stade dans laquelle elle existe, et ce, à contrario du modèle libéral qui entend que les individus agissent dans un contexte an-historique, où l’on prône concurrences, propriété privées des moyens de productions, de la matière produite, et du travail.

L’histoire joue un rôle important dans l’interprétation de la consommation et de la production dans la culture. L’histoire un facteur qui va permettre de définir les catégories qui régissent la production artistique.

 

UN CONTEXTE IMPORTANT

Pour comprendre la notion même de postmodernisme il est important de se placer dans un contexte précis. L’extrait commence d’ailleurs par un rappel historique de la situation. On nous parle d’un « millénarisme inversé dans lequel le pressentiment d’un avenir catastrophique ou rédempteur a été remplacé par la sensation de la fin de telle ou telle chose ». En effet, depuis les années 70 jusqu’aux années 80 le monde bouge vite. Le sentiment d’un avenir catastrophique fait référence directement à la guerre froide et à la menace de l’hiver nucléaire si une guerre venait à éclater entre les deux blocs. Mais on nous parle aussi d’un avenir rédempteur, d’une période ou malgré des tensions politiques pesantes entre les blocs, l’économie est florissante, les indicateurs sont au vert et on vit dans le plein emploi, notamment avec les trente glorieuses en France avec les années 70. Mais les années 70 viennent tout changer. C’est la sensation « de la fin de telle ou telle chose » qui se fait ressentir. Jusqu’aux années 80 les chocs s’enchainent les un après les autres. On subit les chocs pétroliers de 73 et 79, les guerres s’enlisent et ne sont plus soutenues par la population. La surproduction échoue face à une concurrence plus forte et un coût du travail plus faible en Asie. On connait alors une véritable crise, au delà de la crise économique, car aussi politique et existentialiste avec l’effondrement du bloc soviétique. C’est la fin de l’idéologie, de l’art, des classes sociales, du léninisme, de la sociale démocratie, de l’Etat providence, Etc. Le monde semble alors unipolaire.

Tout le monde adopte un modèle libéral face à la crise. Le travail se transforme. Avec le développement de la robotisation et de l’informatique il est désormais possible de faire baisser le coût du travail. Il est désormais nécessaire que d’avoir une poignée d’employées pour gérer une usine entière. Après la révolution agricole et industrielle nous sommes face à une troisième révolution qui sera numérique. En effet, l’usine ne devient plus l’unique source de production. La libéralisation à permis la privatisation en masse. Désormais ce sont les brevets, les services, l’intellectuel, l’école, l’hôpital, le transport, la télécommunication et même l’art qui sont devenus des sources de production et de revenus intenses. (Il s’agit des conséquences de la civilisation postindustrielle dont F. Jameson nous parle.)

Pour résumer, les années 50 à 60 ont plongés les sociétés dans un idéal en total rupture avec le monde des années 70 à 80. C’est coupure radicale constitue ce que Fredric Jameson appel le postmodernisme. On passe à une période de déclinisme, où l’optimise laisse place au pessimisme. Cette coupure sonne l’avènement d’un nouveau modèle économique qui a pour conséquence une nouvelle approche de la culture dans son ensemble. L’individu lui-même n’est plus maître de son identité, il devient lui-même un produit au service d’un modèle économique en pleine mutation.

 

PARTIE 2 : CULTURE ASSERVIE ET ECONOMIE MUTANTE

MODERNISME ET POSTMODERNISME

Comme nous avons pu le voir précédemment, ce qu’on appel « postmodernisme » peut être situé comme la période où l’on a cessé de croire en un avenir rédempteur. Le postmodernisme est relié aux idées de déclin, de pessimisme, que l’on retrouve dans un mouvement précédent : le modernisme.

Avant tout chose, le modernisme est l’ensemble des mouvements culturels de la fin du 19e siècle à la fin du 20e siècle. Dans son contexte d’origine le modernisme choque. Les différentes œuvres réalisés sous l’égide du modernisme sont rejetés massivement sous le prétexte qu’elles n’ont pas leurs places au sein de la société. Les réalisations sont jugées répudiantes, laides, dissonantes, obscurs, scandaleuses, immorales ou encore subversif.

On peut penser par exemple à Marcel Duchamp qui à bousculer son siècle avec son urinoir renversé. D’ailleurs il est considérer, avec d’autres artistes, comme l’élément déclencheur de ce modernisme, de cette structure culturelle contemporaine. On voit différents mouvements culturels se mélanger, se rencontrer, apparaître et disparaître.

Il est intéressant de constater que la majorité des œuvres issues de cet élan moderniste soit devenus aujourd’hui des « classiques », on put ainsi penser aux œuvres de Picasso que l’on considère comme « plutôt réaliste » aujourd’hui. Cela a d’ailleurs toute son importance dans la recherche qui va suivre.

Le mouvement moderne est avant tout aussi architectural. Il se caractérise en général par un retour au décor minimal avec des lignes géométriques pures, une tendance à la subordination de la forme au prédicat fonctionnel, en un exergue de la rationalité grâce notamment au déploiement de techniques et de matériaux nouveaux (acier-béton-verre). On ré-conceptualise les façades avec des baies ouvertes. En parallèle la conception même de la ville est repensée. Un style architectural majeur du mouvement moderne est celui du Corbusier, dit Style International.

Comme le modernisme, le postmodernisme semble être en agitation permanente. Des pseudos mouvement émergent pour s’évaporer tout de suite, fruit d’effets des modes. Il s’agit dans la plupart des cas de « sous-cultures », des mouvements culturels uniques, indépendants des uns des autres, ou bien qui se mélangent mais qui appartiennent à ce grand ensemble qu’est le postmodernisme.

Le postmodernisme peut se distinguer du modernisme dans ses mouvements éphémères, dans ses effets de modes, qui elles, sont dues pour entretenir un marché, pour entretenir une production et du profit, et non pas dans un souci de recherche permanent. Un exemple simple est celui de l’effet « mode », où l’on va crée un engouement pour un produit sur une durée limité avant de le changer pour un nouveau. Le postmodernisme se distingue également du modernisme par la réaction de la société face aux œuvres contemporaine. En effet, on note un véritable changement au sein de la société, les mœurs ont évolué. Dans notre société actuelle – postmoderniste – pratiquement plus rien ne choque, bien au contraire. Bien qu’il puisse exister de nombreux levers de boucliers fasse à certaines œuvres, il s’agit de mouvement isolé et extrémiste, attacher à un monde passé idéalisé du « c’était mieux avant ». Autrement les caractères choquants, et surtout les connotations « sexuelles » font désormais parties intégrante de la société culturelle, et ne choque plus.

Ainsi, ce qui différencie le postmodernisme du modernisme, ce sont les causes des variations périodiques de style et de mode qui ne sont plus régie au nom de l’innovation stylistique du haut modernisme mais au nom d’un renouvellement de produits de consommation pour faire du profit et entretenir le marché. Dans le modernisme on a tendance à critique une société du marché alors que dans le postmodernisme, avec des médiums identiques, des procédés semblable, on va chercher à entretenir le marché.

 

LE CAPITALISME TARDIF

Quel est ce marché qui semble dénaturaliser la culture au nom de sa propre survie ?

Tout au long du texte on nous fait référence à une société fondé sur un système capitaliste. Mais qu’en est-il ? Le mot capitalisme à été inventé par Karl Marx au milieu du 19e siècle. Il s’agit en premier lieu d’un concept économique, puis sociologique et politique. Il s’agit d’un système où la propriété privée des moyens de production en est le cœur. Le capitalisme consiste ainsi en l’élaboration d’un capital basé sur des moyens de productions que nous avons à disposition. Il existe plusieurs formes de « capitalisme », plus ou moins virulentes.

Il faut pourtant faire attention aux ambiguïtés. Il ne s’agit pas d’un système de production dont les fondements sont l’entreprise privée et la liberté du marché. Il s’agit là en fait de libéralisme économique, qui n’est rien d’autre que la philosophie libérale mis en application au sein du système économique. C’est dans le libéralisme que l’on va trouver les notions de libre-échange, de libre choix de consommation, de travail, et de la non-intervention de l’état. Ainsi, selon le choix de social-démocratie, démocratie libérale, le capitalisme est plus ou moins dépendants du système politique et législatif en place, voir pas du tout dans le modèle anarcho-capitaliste.

Malgré tout la notion de capitalisme reste complexe. Marx a passer plus de 20 ans avec Hegel à démontrer les contradictions interne du capitalisme et montrer la vraie nature violente du capitalisme. Pour Marx, le mot « capital » possède de base, une connotation péjorative. Le capitalisme consiste en un système économique fondé sur la primauté du droit de propriété individuel et en particulier de la propriété privée de moyens de production. Il s’agit d’un régime économique et social dans lequel les capitaux, les sources de revenus, n’appartiennent pas, en règle générale, à celles et ceux qui les mettent en valeur par leur travail.

Quand Fredric Jameson nous parles d’un capitalisme tardif, il nous parle d’un capitalisme qui à muter. Il prend notamment l’exemple du « Troisième âge du capitalisme » d’Ernest Mandel. Il s’agit d’un capitalisme beaucoup plus « pur » que les précédents, et ce, permis avec le concours de la libéralisation de l’économie initié par des gouvernements en crise. Le capitalisme tardif serait un capitalisme libre de s’étendre à tout les domaines, à l’ensemble des « productions » matérielles ou immatérielles, peut importe leurs sources. Par exemple des productions de bien communs se sont vu privatiser dans une logique de capitalisme « pur » afin de faire du profit et donc du capital. On peut penser à la privatisation de l’eau, de l’électricité, du gaz mais aussi des domaines créatifs. Le capitalisme à coloniser la culture et en à fait un moyen de production. Il lui impose alors une production intensive afin de générer un maximum de capital.

Malheureusement Fredric Jameson ne fait pas la théorie d’un nouveau capitalisme. On sait juste que ce capitalisme tardif à coloniser la culture dans une optique postmoderniste, postindustrielle, où l’on a laissé volontairement le capitalisme de libéraliser et la société doit s’adapter.

 

PARTIE 3 : UNE SOCIÉTÉ IMPOSÉE

UNE SOCIÉTÉ POSTINDUSTRIELLE

C’est au paragraphe 5 que Fredric Jameson nous parle de société postindustrielle. En effet il s’agit comme le mouvement postmoderne de théories nées de sociologues durant une même période. On parle alors de société de consommation, de société des médias, de sociétés de l’information, de l’high-tech, de l’électronique. Toutes ces théories sont là pour tenter de montrer que ces nouvelles organisations sociales n’obéiraient plus au capitalisme classique, celui de la production industrielle, celle de la lutte des classes, celles de la tradition marxiste. Alors que le travail de Fredric Jameson peut sembler similaire à celui d’Alain Touraine. Cependant il s’oppose au travail de Daniel Bell dans le sens ou son marxisme s’oppose au structuralisme de Bell.

Pour bien comprendre le travail de recherche mené par Alain Touraine Daniel Bell, et Fredric Jameson, il est important de parler des nouveaux mouvements sociaux et des actions sociales. Les nouveaux mouvements sociaux (NMS) font références aux actions politiques issues des années 68/70. Elles cherchent à rompre avec le militantisme dans sa forme traditionnelle, c’est-à-dire la l’intermédiaire de syndicat ou de parti. Par exemple le féminisme, l’environnementalisme (comme les militants contres l’aéroport de notre dames des landes) ou encore les mouvements comme LGBT. Le principe n’est plus de tenter de prendre le contrôle de l’Etat (comme est l’objectif du Parti Communiste selon la théorie Léniniste) mais de tenter de résister sous des formes nouvelles, par exemple par l’invention de « nouveaux modes de vie ». Ces nouveaux mouvements sociaux vont également chercher à s’intéressés à des enjeux culturels ou de société dénigrés par les partis politiques. C’est du coter de Michel Foucault, que Fredric Jameson cite, que l’ont trouve une théorisation poussée de ces nouveaux mouvements sociaux. Michel Foucault y expose notamment une série d’oppositions qui se sont développées ses dernières années. L’opposition au pouvoir des hommes sur les femmes, des parents sur les enfants, des psychiatres sur les malades mentaux, de l’administration sur la population. Foucault précise qu’il faut faire attention à ne pas les considérer (les oppositions) comme de simples luttes contre l’autorité, il s’agit en fait d’une lutte bien plus « générale ». Elles ne sont ni lié à une politique ou une économie spécifique, mais elles sont générales, vraies pour tout le monde, partout sur terre. Vraie peut importe l’espace-temps. Ces luttes ne sont pas là pour aboutir à une révolution, elles sont là pour affirmer le droit de l’individu à la différence, en s’attaquant à ce qui isole, case l’individu, qui l’oblige à se rattacher à une identité qu’on lui à au préalable fixé, à rendre l’individu an-historique. Ainsi ses luttes de « pouvoir » sont là pour lutter contre ce qu’appel Foucault les « privilèges de savoir », c’est-à-dire à lutter contre ceux qui gardent la connaissance. Par exemple Foucault utilise l’exemple de la psychanalyse, où l’ont va garder volontairement la « puissance du savoir » pour « contrôler le patient ». La question importante de ses luttes est de savoir qui nous sommes en tant qu’individus. C’est un refus d’une économie, d’une idéologie politique qui ignore l’individu en tant qu’individu unique, c’est aussi refusé qu’une économie ou une idéologie politique puisse déterminer notre identité selon son bon vouloir (exemple, le marketing).

La notion de populisme esthétique serait en fait, selon Jameson, l’effacement de la vielle opposition moderniste entre la Grande culture (celles des classiques), et la culture commerciale et la culture de masse.

Cet ensemble constitue donc une nouvelle production consumériste : une industrie culturelle. Elle fait d’ailleurs sont arrivées sur la scène en même temps que l’émergence de la société postindustrielle. La société industrielle, pensée par Daniel Bell et Alain Touraine, qui à pour principale caractéristique la subordination des matières premières et des moyens de production, à des éléments immatérielles comme la connaissance et l’information dans l’organisation sociétale. En effet on a quitté une société industrielle où tout repose sur le matériel, la production, pour un système plus complexe, où l’immatérialité prend de plus en plus de place. On crée de plus en plus de service alors que de plus en plus d’emplois dans le secteur secondaire disparaissent.

La société postindustrielle est une société où tout est devenu un produit. De la chose la plus matérielle à la chose la plus immatérielle. Les individus eux-mêmes deviennent des produits. En laissant libre cours au capitalisme de prendre sa forme la plus pure par un libéralisme décomplexé, nous avons offert des biens communs à devenir des biens de propriété privés. Face à une individualisation (et paradoxalement une uniformisation des individus) de plus en plus forte mais aussi à une an-historisation de ceux-ci et d’une perte d’identité, chacun essaye d’exister par ses propres moyens. Aujourd’hui c’est encore plus visible dans un monde ou l’information est présente partout. On cherche à exister sur les réseaux sociaux à défaut de pouvoir être un individu avec une identité propre. Le numérique est pour beaucoup une solution, mais est-ce viable à long terme ? En effet nous pouvons remarquer que de plus en plus le numérique est « gangrené » par le système capitaliste (tardif).

 

A QUI PROFITE LE CRIME ? CONSÉQUENCES

A qui profite le crime ? En effet il est légitime de s’interroger. Pourquoi dénaturaliser la culture ? Est-ce au nom de la survie d’un modèle économique comme nous nous le sommes demandé au début de ce commentaire ? Dans ce cas pourquoi sauver un modèle économique, et pourquoi ne pas tout simplement en changer si celui à échouer ?

Rappelons-nous, aux prémices du postmodernisme nous sommes dans un monde bipolaire. Deux modèles économique et social s’affrontent. De manière simpliste, le capitalisme et le communisme. Cependant avec l’effondrement du bloc soviétique, toute alternative est rejeté. Le capitalisme est le grand « vainqueur » de cette guerre froide et donc LA « solution ». Cependant, en même temps le capitalisme connait ses premières limites. Les premiers chocs économiques obligent à repenser nos moyens de production et de consommation d’énergie. Afin de couper cours à toute alternative, et garder le « jeu » intact, on va mettre en place un plan de sauvetage en forçant les gouvernements à libéraliser le capitalisme. Mais la violence de celui-ci et ses dérives vont conduire à repenser les sociétés « modernes », à repenser la place du capitalisme et du libéralisme au sein de celles-ci.

Fredric Jameson va plus loin. Il nous rappel que derrière toute production il y a un « producteur ». En effet c’est le patronat qui va ériger les projets d’architectures postmoderne symbole de fleurissement et d’épanouissement économique. Mais au delà du simple financement il y a une domination. Pour Fredric Jameson cette culture postmoderne, fruit de l’appropriation de la culture par un capitalisme tardif, est une nouvelle vague de domination américaine, économique et militaire. Cette culture cache le sang, la mort, la terreur, qui sont les résultantes d’une politique de domination économique et sociale. Il faut entrer dans le « jeu » et y rester. Rien ne permettra que l’on mette en danger leur « jeu », leur modèle économique et social. Parce que qu’au-delà de la simple domination américaine, il y a une domination de financier, l’Amérique fait beaucoup plus office de leurre.

 


CONCLUSION

Selon F. Jameson, toute la production culturelle actuelle n’est pas dans sa totalité « postmoderne » au sens où elle est aliénée. De plus le postmodernisme est aussi un champ de forces et d’élans culturels très différents, qui sont des formes qui ne cherchent qu’à émerger, à se frayer un chemin, à sortir la « tête de l’eau ». D’ailleurs Raymond Williams les qualifies de forces résiduelles émergents de production culturelle. Il est nécessaire pour F. Jameson qu’une forme culturelle devienne dominante et s’impose afin de se séparer de l’histoire culturelle actuelle qui est une vision hétérogène, faite de différences aléatoires, de coexistence des multiples formes plus ou moins efficaces.

Malgré tout le changement doit se faire au plan social. Comme nous l’avons vu précédemment dans la société postindustrielle et les nouveaux mouvements sociaux, il est nécessaire que l’individu puisse être « historique », assumer une identité qui lui est propre.

Pour conclure, nous pouvons affirmer que Fredric Jameson, avec son texte fondateur, permet de réfléchir à plusieurs pistes pour faire évoluer notre société dans un contexte de capitalisme tardif. La portée marxiste est importante, autant sur le plan social qu’économique. Nous avons pu observer et analyser durant notre commentaire que de nombreuses pistes ont déjà été pensées par de nombreux sociologues. L’individu y possède toujours une place importe, qui lui permet d’être « historique », et d’assumer une identité. C’est à coup d’effort et de combat de pouvoir contre la soumission que l’on pourra faire évoluer progressivement notre société vers une nouvelle ère en rupture totale avec le passé et son modèle social et politique « classique ».

C’est par une individualisation « forcée » que nous trouverons peut être notre salut. C’est en élaborant chacun une nouvelle manière d’aborder le travail, la culture, etc. par de nouveaux réseaux que l’on pourra s‘extraire d’une logique de société capitaliste par la création de nouveaux modèles sociaux, économiques, et culturels alternatif, d’une société parallèle où l’individu est historique et maître de ses choix.

 

Jean-Baptiste Klein,

 

 


Bibliographie – Ressources :

  • Dictionnaire Larousse
  • Emission de radio « Au singulier » (France Inter) – Diane Scott, Fredric Jameson.
  • www.contretemps.eu
  • Quand les cathédrales étaient blanches, Le Corbusier.
  • Le matérialisme historique, Anton Pannekoek, 1919
  • Introduction au marxisme, Ernest Mandel, 1983
  • L’évolution du travail aux usines Renault, thèse d’Alain Touraine sous la direction de Georges Friedmann, 1955
  • « Le Panoptisme », Surveiller et punir, Michel Foucault, 1975
  • Dialectique, CO.AR.CO, 2008
  • L’art décoratif d’aujourd’hui, Le Corbusier, 1925

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